READYMADE, court métrage de fiction


INT/PENOMBRE/EXPOSITION Lanternes magiques et film peint - COULOIR

Un homme mystérieux est habillé de lumière dans la pénombre d’un couloir (entrée de l’exposition). Il invite les visiteurs à le rejoindre par un geste lent d’ouverture de ses bras. Son regard magnétique est insistant et un peu inquiétant.

L’HOMME MYSTERIEUX
Approchez … Approchez !

Zilia, accompagnée d’une amie et de quelques autres visiteurs se dirige à sa rencontre. L’homme s’avance, se penche, et d’un tour de passe-passe, brandit une gravure de Poyet extraite du journal La Nature (23 juillet 1892).
.

L’HOMME MYSTERIEUX
Regardez cette image. Elle vous résume ce qu’était, en 1892, trois ans avant l’invention du Cinématographe, le spectacle des pantomimes lumineuses.

L’image de la gravure remplie l’écran. L’homme indique de son index :

L’HOMME MYSTERIEUX
Au fond : le public ; à la croisée des faisceaux lumineux : Emile Reynaud. Il est superbe avec sa barbe, sa redingote et ses manivelles. On dirait le capitaine Nemo à la barre du Nautilus: vingt mille lieues … sous les rêves.

INT/PENOMBRE/EXPOSITION Lanternes magiques et film peint - ECRAN

Alors qu’il prononce ces derniers mots, l’homme incline la tête en face de Zilia (gros plan sur son regard maquillé de noir). Contre-champ du regard de Zilia qui sursaute.

Les visiteurs continuent de suivre l’homme qui poursuit son discours.

L’HOMME MYSTERIEUX
Son appareil s’appelle le théâtre-optique

Ils passent, telles des ombres, devant un écran géant où est projeté un film peint de José Antonio Sistiaga. De la main l’homme invite les spectateurs à prendre place dans l’espace dédié au théâtre-optique.

L’HOMME MYSTERIEUX
… pour cet appareil Emile Reynaud peignit sur une pellicule perforée, image après image, des arlequins et de jolies baigneuses dans le goût 1900. En quelques années, cinq cent mille spectateurs iront l’acclamer au Cabinet Fantastique du musée Grévin. Voici, reconstitué pour vous : le théatre-optique d’Emile Reynaud.


INT/PENOMBRE/EXPOSITION Lanternes magiques et film peint - THEATRE OPTIQUE

Les visiteurs s’installent sur de petits sièges rouges. L’homme disparaît (mouvement de cape ?)

L’opératrice/opérateur de l’exposition, maniant le théâtre-optique pour l’occasion, invite Zilia et les autres enfants à venir voir de plus près la machine. Nous suivons l’explication du fonctionnement du théâtre-optique (mention du lien avec le praxinoscope que l’on montre en gros plan, le théâtre-optique dérive d’un jouet qui reconstitue le mouvement de quelques images picturales : le praxinoscope). Nous suivons les rouages pour finir sur la projection de Autour d’une cabine. La projection remplie l’écran. On assiste à la projection entière. A la fin de la projection Zilia «flash» sur les chaussures à talons que porte l'opératrice.

L’OPERATRICE
J’espère que le spectacle vous a plu. Vous pouvez retrouver la statue de cire d’Emile Reynaud dans la salle principale du musée Grévin.

ZILIA (s'adressant à sa copine)
J'adore ses chaussures, c'est exactement ce que je voudrais porter plus tard !

1/ INT/ NUIT/ CHAMBRE

Zilia est dans sa chambre. Elle pose sa lampe sur le lit à côté d'elle et se maquille. Dans le reflet du petit miroir qu'elle tient dans sa main son visage change, elle se voit femme l'espace d'un instant. Du rimel a dérapé sur sa paupière, Zilia est assise sur son lit, face à elle sont disposées ses peluches. Elles lui font face, elle choisit la peluche avec laquelle elle va dormir.

ZILIA:


Am-stram-gram …




Non satisfaite du dénouement de sa comptine, elle choisit didactiquement l'ours qu'elle voulait choisir secrètement depuis le début.

2/INT /NUIT/ SOUS LES DRAPS

La petite fille s’amuse sous ses draps avec l’ours choisi et sa lampe. Elle place le faisceau de lumière de la lampe respectivement sous son visage puis sous celui de l'ours.

ZILIA ( sa voix qui se veut inquiétante):

WooDDy ... WoooOOOddy...

L'atmosphère qui règne sous les draps est aérienne, l'espace créé est infini, en contraste complet avec l'impression confinée et feutrée conviée par la chambre. Elle finit par s’endormir, son ours dans les bras, sa lampe, toujours allumée, à la main. Les draps retombent délicatement sur elle.

3/ EXT/NUIT/PARIS

La petite fille rêve. L’éclairage de la Tour Eiffel balaye Paris. Zilia est à Beaubourg. Après les animaux fantastiques de la fontaine de Tinguely et Niki De Saint Phalle, elle s’approche du pot géant de Raynaud marquant l'entrée du centre Pompidou.

4/ INT/NUIT/CENTRE POMPIDOU

Zilia entre dans le centre Pompidou. Elle y est seule, son ours en peluche à la main. Le bruit mécanique des escalators remplit cet espace gigantesque et désert. Des voix appellent, crient, murmurent son nom dans une confusion déroutante.

DES VOIX
ZiliAAA (avertissement), Zilia (terreur), Zilia (murmure), Zilia (appel) Zilia ! (agression)

Depuis l’escalator, Zilia voit une fusée décoller (FX). C’est la fusée sortie tout droit d’un album de Tintin. La petite fille pénètre dans le musée par un couloir sombre où brillent des images en mouvement sur des écrans (accrochage du Centre Pompidou : LE MOUVEMENT DES IMAGES).

5/ INT/NUIT/Dans l’installation VALSTAR BARBIE de Claude Lévêque

Une salle éclairée baigne dans une étrange lueur rose. Zilia entre tenant d’une main son ours en peluche qu’elle dépose distraitement sur une plinthe d’exposition. Elle visite, s’étonne, examine, s’amuse et virevolte puis s’arrête, interdite, devant une paire de chaussures de femme posée au sol. Curieuse, elle les essaye. L’éclairage de la salle devient plus lumineux (FX). Elle est surprise de la transformation qui s’opère en elle. Sous ses mains elle sent de nouvelles formes l’envelopper. (FX Flaque rouge et traces rouges de pas )Elle a grandit. Elle semble s’éveiller et sort de la salle. On entend le bruit de ses talons s’éloigner. L’ours en peluche reste seul sur son socle. O
n voit s’inscrire, dans la calligraphie utilisée par Marcel Duchamp pour ses Readymades (FX):

Ainsi Zilia devint femme et moi œuvre d’art.

Des polaroids de l’ours avec des touristes japonaises recouvrent peu à peu l’écran. L'ours redressé à l'air fier et heureux.

INSERT GROS PLAN

Dans son triomphe, l’ours tombe à la renverse les pattes en l’air. On entend le bruit d’un aspirateur. Sous l’éclairage rose qui continue de clignoter l’ours en peluche est empoigné par une main gantée de caoutchouc vert et jeté dans la poubelle du chariot de nettoyage où se trouvent plusieurs sacs-poubelles transparents, déjà pleins [1].

L’ours est happé dans un tourbillon de papillons de nuit (FX) avant d’atterrir au fond du sac. Dans sa chute il allume une lampe, passe devant un miroir où se reflète non pas son image mais celle de Zilia -enfant- à l'envers, elle monte au lieu de descendre. Autour de lui dansent des papiers d’identité de Zilia devenue adulte
[2]. Il tombe sur un fauteuil à bascule. La carte d'identité de Zilia adulte lui tombe dans la main, il la regarde. La musique triomphale qui accompagnait l’ours-œuvre-d’art passe dans le registre du cauchemar. L'ours bascule du fauteuil à bascule et tombe dans le vide. Noir. La musique s’arrête. L'ours à atteint le fond du sac. Il tombe sur le dos.

NB: voir l'extrait d'Alice aux pays des merveilles sur
http://www.youtube.com/watch?v=hwWzbD_9Nfo&mode=related&search=

et
http://www.youtube.com/watch?v=z2YIC5wOSAw&mode=related&search=

6/INT/NUIT/CENTRE POMPIDOU

On entend des pas qui résonnent sur le sol. Une main aux ongles rouges écaillés le récupère presque immédiatement et l’emmène. On regarde la silhouette s’éloigner avec l’ours. Les bruits d’aspirateur continuent.

7/INT/NUIT/ATELIER

Les mains aux ongles rouges passent de l’ombre à la lumière, elles travaillent sur de petits ours miniatures, les peignants..

7 bis/ INT/ NUIT/ CHAMBRE / SEQUENCE RALENTIE

Zilia en sueur semble se réveiller en sursaut.

ZILIA

WooDy !

Elle tâtonne pour chercher sa lampe qui est restée dans le lit au prix d’un effort surhumain. Elle a du mal à bouger mais parvient à regarder sous le lit. On suit le faisceau de lumière de la lampe tandis qu’elle cherche dans sa chambre l’ours avec lequel elle dormait et qui a disparu. Epuisée elle se rendort la lampe à la main.

8/ INT/NUIT/ FONDATION CARTIER/Dans l’exposition THE AIR IS ON FIRE de David Lynch

LES VOIX y compris celle de ZILIA, dans une cacophonie terrifiante:

Woody … Wooooody. WOODY… !

La petite fille, sa lampe électrique à la main, découvre un présentoir à barreaux sur lequel est exposé une chaussure. Fascinée, elle en oublie sa recherche et passe d'une salle à l'autre, à la découverte d'autres chaussures exposées de la même manière. Elle tente en vain de s'en saisir (GP) mais c’est à peine si elle arrive à toucher les barreaux des présentoirs, comme repoussée par une décharge électrique.

9 / INT/NUIT/CHAMBRE

La petite fille est réveillée par du maquillage qui s'appose, petit à petit, de force, sur son visage. Elle a toujours du mal à bouger. C'est son rimel qui coule de plus en plus inexpliquablement et forme sur son visage angélique une tête de mort. Elle finit par se rendormir.

10/EXT/SOIREE/BOULEVARD, vers l'entrée du MUSEE GREVIN

Zilia (adulte) se promène dans Paris de nuit. Il a plu, le pavé scintille, son rimel à coulé, elle lit sur deux plaques.

Plaques du Boulevard Capucines:

-la grande, récemment refaite, sur les frères lumières:

Ici le 28 décembre 1895 eurent lieu

les premières projections publiques

de photographie animée

a l'aide du cinématographe

appareil inventé par les frères Lumière

-La petite, cachée au dessus du porche, invisible à celui qui ne cherche pas à la voir, mentionnant Reynaud (son nom est dans la lumière, en premier (manifestement cet ordre, non alphabétique, est voulu et donne du sens) :

A Reynaud, Marey, Demeny,

Lumière et Melies

Pionniers du Cinema

Hommage des professionnels

à l'occasion du Cinquantenaire

28.12.1945

Zilia s'arrète sur le trottoir du boulevard Montmartre pour regarder son pied qui saigne à travers son bas résille. Elle porte la main à sa cheville et voit passer un petit lapin en peluche rose avec une grosse montre qui s'élance à vive allure vers l'entrée du Musée Grévin devant lequel elle s'est arrétée. Des lettres dorées légendent l’ornement de l’entrée : Cabinet Fantastique, Palais des Mirages. La montre du lapin fond à vue d'oeil (FX -Hommage à Dali en peinture animée); Il regarde derrière lui, remarquant Zilia à son tour et entre par l'entrebâillement de la porte du musée. Zilia étonnée et curieuse, oublie son pied et se faufile à la suite du lapin à travers les deux lourdes portes du musée Grévin.

11 /INT/NUIT/MUSEE GREVIN


Le petit lapin dérape sur le temps qui s’écoule littéralement au sol et par une grande glissade arrive face à un miroir en abîme. Zilia le rejoins juste à temps pour le voir sauter de l'autre côté du miroir, sautant de cadre en cadre dans la mise en abîme du miroir (avancée parallèle à l'avancée à travers cadre de la fin avec l'ours oeuvre d'art ). Zilia essaye elle aussi de passer de l'autre côté du miroir mais en vain. Elle passe son chemin et s'enfonce dans la pénombre du Musée fermé au public à cette heure. Zilia arrive
devant une plaque sur laquelle on lit avec elle:

Dans cette salle, du 28 Octobre 1892 au 28 Février 1900, Emile REYNAUD ( 1844-1918) a projeté les dessins animés des Pantomimes Lumineuses et les mimes de Photo-Peinture Animée (Août 1896-1900) à l'aide de son appareil THEATRE OPTIQUE (Brev. 194.482.1.Dec.1888). Musique de Gaston PAULIN.

Elle avance vers le fond du Musée, attirée par la lumière qui s'en dégage. Elle s'approche, comme hypnotisée par la scène qui se joue au loin devant elle... ça y est elle est tout prêt.

Trônant au coeur du Musée, une reconstitution du "théâtre optique" met en scène des statues de cire représentant Emile Reynaud maniant son invention sous le regard de Méliès, Gabriel Thomas et des frères Lumières, trois avant l'invention du cinématographe. (elle lit la légende)

Zilia s'approche de la machine insolite et étincellante. Elle ne resiste pas à l'envie de toucher, la roue, le miroir et même la main d'Emile Reynaud qui semble s'animer et prendre vie.

Zilia subjugée par ce qui vient de se passer, regarde avec admiration cet homme dont elle ne connaît rien encore et pose sa main contre sa joue.

L'homme de cire parvient à se mouvoir et sort de la petite estrade. Agile soudain il prend son parapluie. Zilia a un mouvement de recul. Rassurant il attrape élégament son chapeau et salue la demoiselle qui semble le fasciner. Il vient à elle pour la prendre dans ses bras et la faire tourner autour de lui. D'abord méfiante Zilia se laisse faire en confiance. Elle lui murmure son nom à l'oreille.

ZILIA:

Zilia Brunner.

Emile fait de même.

EMILE REYNAUD:

Emile Reynaud. Enchanté.

Le rire de Zilia, étourdie par la ronde et la vitesse se décompose en écho, l'image même de Zilia se décompose en différents tableaux (FX), s'enchainant les uns aux autres pour donner le mouvement, à l'image du fonctionnement des saynettes peintes par Emile Reynaud pour ses Pantomimes lumineuses -effet Praxinoscope-.

12/EXT/NUIT/PASSERELLE SIMONE DE BEAUVOIR

Une voix aérienne et cristalline s'égrène depuis un pont suspendu dans la nuit parisienne. Zilia et Emile arrivent tel un tourbillon au moment de l'apogée de son chant.

Ils continuent de tourner ensemble et lorsque cette ronde praxinoscopique s'arrête, c'est pour les déposer, étourdis, sur la passerelle moderne suspendue sur les eaux où résonne la voix de la cantatrice chantant des louanges.

Emile découvre ce paysage futuriste à ses yeux autant que Zilia qui manifestement ne connaît pas l'endroit non plus. Elle regarde Emile amoureuseument. Il ne sait pas comment réagir à tout ce monde nouveau dont il ne connait pas les règles mais il est heureux.

Le couple se regarde. Un étrange personnage les rattrape.

LE POETE:

La nuit on assassine, et chacun crie : À l’aide ! (ref. au "Cri" de Munch)
Hier on m'a volé, moi, sur le pont de Tolède!
[3]

Il se rapproche d'eux et s'avance vers Zilia.

LE POETE (à Zilia):
Et vous, on ne vous a jamais volée ?...

Zilia fait "non" de la tête, pas très certaine de ce qu'elle avance. Elle recule. Elle a peur.

LE POETE (à Zilia):

En êtes-vous bien certaine...

Emile s'interpose de son parapluie -à l'ancienne-, faisant signe à Zilia de s'échapper.

LE POETE:

Et vous Monsieur ?... car hier on m'a volé, moi, sur le pont de Tolède...et par deux fois encore
!

Zilia s'avance seule sur le pont en se retournant régulièrement vers Emile.
Des cheminées fument au loin, un bateau tangue sur l'eau. Une cantatrice se dresse, belle femme fatale inaccessible. De ses lèvres s'échappe la douce et puissante mélodie qui envoûte les lieux. Elle est nue sous sa robe de dentelle noir et n'esquisse que de lents mouvements. Son visage traduit une douleur intérieure, sa voix résonne. Zilia s'échappe en se retournant vers Emile qui est retardé par le poête, elle passe à côté de la cantatrice qu'elle trouve très belle et sort du champ, Emile fait de même quelques instants après, la cantatrice reste seule sur le pont.


13/ EXT/NUIT/ PASSAGE MOLIERE

Emile inquiet regarde à gauche puis à droite ne sachant trop où Zilia a bien pu aller. Il entend des miaulements, pars dans leur direction et découvre dans un coin de la ruelle Zilia qui prend dans ses bras un petit chaton qu'elle vient de trouver. Il s'approche d'elle rassuré de l'avoir retrouvée saine et sauve. Dès qu'elle l'entend arriver elle tourne la tête. Elle est elle aussi rassurée de voir qu'il a reussit à s'extirper de l'étrange poête-prophète du pont. Elle esquisse un élan vers lui puis se ravise, se trournant vers le chat.

NB: voir l'extrait de La dolce Vita sur http://www.youtube.com/watch?v=GKN1T3K1idg

EMILE (se voulant détendu):

ZILIA !...Que faîtes vous ?

Zilia est en adoration devant le chaton elle s'avance avec lui. Emile prudent inspecte l'endroit de petits regards furtifs un peu déconcerté. Il fini par suivre Zilia.

EMILE:

Zilia où allez vous avec ce chat ...

Regard de Zilia.

ZILIA (au chaton):

Miaou, miaou...

Emile fait signe de ne pas faire de bruit, l'air suspicieux, il prend Zilia par le bras, elle s'amuse de ses manières étranges et l'invite à se détendre. Emile détaille scientifiquement la ruelle, estimant l'âge des lieux... Zilia donne le chaton à Emile tout en avançant dans sa percée dans la ville. Emile s'empresse de le lui redonner -miaulement- et d'epousseter son veston.

14/EXT/NUIT/ FONTAINE BEAUBOURG

Zilia s'éloigne longeant une église.

ZILIA:

Emile où êtes vous ?

La cloche se met à résonner d'un bruit sourd. Zilia arrive à la fontaine de Beaubourg. Elle dépose le chaton et s'élance dans la place, se retournant vers Emile pour s'assurer qu'il l'a suit. Elle quitte ses chaussures, enjambe le rebord de la fontaine. Emile ne sait que penser de cette jeunesse impétueuse, séduisante et provocante. Il récupère les chaussures de la belle et suit en parrallèle la progression de zilia dans la fontaine, tandis que lui reste à l'exterieur de la fontaine. A travers un cache cache parmi les sculptures de Niki de Saint Phalle, Zilia passe de réactions enfantines à une sensualité digne d'Anita Ekberg dans la fameuse scène de La Dolce Vita, appellant de toute sa féminité son compagnon à la rejoindre dans la fontaine. L’allusion provoque une crise de fou rire chez Zilia mais pas chez Emile. Il enlève pourtant ses chaussures. Il fait face à Zilia. Il prend la main de Zilia qu'il s'apprète à poser sur sa joue. Zilia voit une personne passer avec son ours. Emile n’a rien vu. Gros Plan sur la tête de l’ours.

Zilia reconnaît son ours et sans explication, elle s’élance à la suite de la silhouette qui s’éloigne de dos vers l’entrée principale du centre Pompidou.

Emile qui reste debout dans la fontaine, interloqué, les chaussures de Zilia à la main. La caméra avance au moment où Zilia s'élance vers la caméra pour débuter sa course. L'image d'Emile dans la fontaine s'éloigne dans le cadre à grande vitesse comme s'il était aspiré dans cette image, dans cette scène de la fontaine. Zilia se retourne une dernière fois sur Emile. Elle sait que c'est la dernière fois pour eux, qu'il appartient à un autre temps. Son regard est avec lui mais ses jambes déjà s'activent en direction du centre Pompidou.

15/ EXT/NUIT/CENTRE POMPIDOU

La silhouette se retourne, se sentant poursuivit elle accélère gagnant du terrain. Zilia remonte sa robe et continue sa course de plus belle. Bardé de tuyaux le centre ressemble à une grosse machine. Le souffle de la silhouette, celui de Zilia et le bruit de leur course semble se mêler à toute cette mécanique de tubes qui se mettent en marche, fumant de tout côté.

16/EXT/NUIT/HALL D'ENTREE DU CENTRE POMPIDOU

Zilia essouflée arrive à l'entrée, la silhouette se retourne, elle est au pied des escalators. Zilia s'élance vers la personne qui disparaît dans les escalators qui mènent au Musée ( GP enseigne bleue lumineuse) avec dans sa main l’ours (Gros Plan).

17/INT/NUIT/
ESCALATOR GAUCHE

Zilia monte à toute vitesse les marches de l'escalator suivant la progression de la personne qui la devance avec son ours.

ZILIA

Arrêtez vous.

18/INT/NUIT/MUSEE

Epuisée elle arrive au Musée, regarde à gauche puis à droite. La silhouette l'a semée. Elle s'est perdue dans les différentes galeries du musée.

PRIERE DE NE PAS TOUCHER LES OEUVRES
MERCI

De petits ours sont épinglés, légendés(Générique)lle, elle ne trouve pas son ours.

Une atmosphère étrange la saisit, un bruit vient de retentir et raisonne dans tout l'espace du musée. Elle traverse un ultime couloir, attirée par une lumière qui se dégage à mi-chemin. Elle s'y engage. L'entrée d'une salle est protégée d'un rideau et légendé: Readymade anachronique 2007

Elle entre.

PRIERE DE NE PAS TOUCHER LES OEUVRES

MERCI

Zilia découvre son ours (reflet qui est mis en valeur) exposé sur un socle, un miroir encadré suspendu dans les airs à ses côtés et de l'autre côté de ce miroir un deuxième socle vide.

Elle s'approche lentement de l'ours, intriguée mais heureuse de le retouver. Elle scrute les lieux. Elle est seule. Pourtant quelqu'un d'autre respire dans la pièce.

Une lueur apparait de l'autre côté du miroir, elle va voir de l'autre côté du cadre où elle ne trouve rien qu'un socle vide. Elle voit pourtant bien Emile, là devant-elle. Nous avançons vers le miroir laissant le visage de Zilia hors champ, sur le socle de l'ours s'inscrit:

Ainsi naquit la femme pour elle.

Nous continuons d'avancer, cette fois c'est l'ours qui est laissé derrière, puis son reflet qui s'éloigne au fur et à mesure que l'on s'en rapproche.

On rentre dans le miroir. Sur l'autre socle, de l'autre côté, s'inscrit:

... et l'art pour moi.

Emile qui vient d'allumer la bougie de son praxinoscope le fait fonctionner sous nos yeux et nous entrons dans les images du praxinoscope. La caméra se déplace dans les images du praxinoscope:


19 /EXT/NUIT/EXPOSITION de JOSE ANTONIO SISTIAGA

Quelque part dans l'espace la fusée de Tintin attérit sur une planète où il y a une petite chaussure de barbie.

A TOURNER DANS LA SEQUENCE 18:

La voile du bateau se déroule:

(FX: fin de la bande de gélatine peinte -dernières images décomposées photogrammes par photogrammes et repeints)

La représentation est terminée.
La bougie est soufflée.


A inscrire avant le générique de fin :

Émile Reynaud fut le génial inventeur de la peinture animée, alliant, dès 1892, la peinture, son animation, sa mise en espace et intégrant dans la dimension de son œuvre les réactions du public à sa proposition artistique.

Inventeur de la technique de la bande peinte perforée, il est à l’origine du spectacle cinématographique par son invention du théâtre-optique qui lui permit, trois ans avant la séance des frères Lumière, de programmer les projections publiques payantes accompagnées au piano que furent ses Pantomimes lumineuses au musée Grévin.

Le spectacle pictural en mouvement qu’offrait Reynaud avec son théâtre-optique nécessitait la peinture minutieuse de centaines de tableaux miniatures
. Il ne résista pas au renouvellement rapide des films du Cinématographe Lumière fondé sur la photographie instantanée.

Vers la fin de sa vie, ruiné, Emile Reynaud jeta à la Seine, la nuit, paquet par paquet, presque toutes ses peintures animées. Il mourut ruiné en janvier 1918 à l’hospice des Incurables d’Ivry-sur-Seine.

Ce temps n’était plus le sien. Il avait eu la joie de peindre ses rêves sur l’écran avant que Lumière n’y projette la réalité. Magicien solitaire, au Cabinet Fantastique du musée Grévin, il avait été le premier à meubler un drap de lit avec de petits bonshommes peints à la main. Il ne pouvait pas savoir que, dans l’ombre de sa machine, se profilaient les couleurs de Walt Disney, Norman McLaren, Len Lye, José Antonio Sistiaga …




Les mains aux ongles rouges tirent une corde. Tombée de rideau. Zilia est assise dans un fauteuil rouge à l'image du spectateur. La salle s'allume.

[1] 30 Juin 2004, Tate Britain, exposition Art and the Sixties, où un sac poubelle transparent faisant partie de l’installation de Gustav Metzger a été jeté par une équipe de nettoyage la veille du vernissage.

[2] INSERTS CARTES Une carte vitale, d’identité, de visite, permis, diplômes, argent, factures, clefs…

[3] Extrait de Victor Hugo, Ruy Blas, III, 2.


ZILIA ET LA FLEUR

ZILIA ET LA FLEUR

NUIT DE ZILIA PETITE FILLE

NUIT DE ZILIA PETITE FILLE

Du côté d'Emile...AU MUSEE GREVIN

Du côté d'Emile...AU MUSEE GREVIN

LE DESTIN DE L'OURS + BALLADE NOCTURNE DU COUPLE

LE DESTIN DE L'OURS + BALLADE NOCTURNE DU COUPLE

BACK IN MUSEUM

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Plaque à l'intérieur du Musée Grévin

Plaque à l'intérieur du Musée Grévin





MONTRE MOLLE

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AFFICHE DE LA DOLCE VITA

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FILM LA DOLCE VITA

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FIN DU FILM

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